Le Cabinet des curieux Voyages
Apparu à la Renaissance en Europe, le cabinet de curiosités est l’ancêtre des muséums. C’était un lieu où étaient amoncelés et exposés des objets collectionnés, avec un certain goût pour l’hétéroclisme et l’inédit.Remis au gout du jour, l’esprit du cabinet de curiosités est aujourd’hui à la mode : décoration, magasins, musées, revendiquent aujourd’hui l’esprit des cabinets d’autrefois.Du XVIe au XVIIe siècle, des cabinets de curiosités voient le jour dans toute l’Europe. L’Italie, la France et le Saint Empire (Allemagne), le Danemark ou l’Angleterre. Les sujets de collection sont nombreux et les classifications balbutiantes et empiriques.- Le monde animal, végétal ou minéral fait l’objet de toutes les attentions sous la dénomination de Naturalia.- Les Artificialia recensent les créations humaines : médailles, antiquités, oeuvre d’art, peinture.- Quant au Scientifica, ce sont les instruments scientifiques, horlogeries ou automates qui font l’admiration des collectionneurs et de leurs invités.- Parfois, une quatrième catégorie portant le nom d’Exotica rassemble les objets issus de pays lointains ou d’autres civilisations.Espace étrange et fascinant, le cabinet est à l’image de son créateur : les têtes couronnées et les nobles amassent des trésors qui servent à asseoir leur pouvoir et leur prestige. D’autres y voient une reconnaissance sociale. Enfin, les hommes de science, les érudits, les chercheurs font de leur collection un véritable lieu d’étude, à la jolie manière du médecin et érudit Danois Ole Worm (1588-1654) qui étudia avec la même rigueur la prétendue licorne, les légendaires oiseaux du paradis, le crâne humain.En 1751, dans L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Diderot et M. D’Alembert écrivent que le cabinet d’Histoire naturelle est « un abrégé de la nature entière. […] Comment même se faire une idée juste du spectacle que nous présenteraient toutes les formes d’animaux, de végétaux et de minéraux, si elles étaient rassemblées en un même lieu, & vues, pour ainsi dire d’un coup d’oeil ? ».L E C A B I N E T D E C U R I O S I T É SLe XVIIIème siècle est un moment charnière pour l’histoire des cabinets de curiosités qui fleurissent dans toute l’Europe. Il n’est pas un roi ou un prince qui ne possèdent des collections rares et précieuses, pas un savant ou un aristocrate inspiré qui ne collectionnent les animaux étranges, les objets magiques ou les instruments scientifiques et sophistiqués.Au XVIIIe siècle, le cabinet de curiosités vit peut-être ses dernières heures. A défaut de collectionner de façon empirique, de laisser place à l’extravagance, à l’inconnu ou à la magie, les hommes de science se mettent à ordonner, à classifier et à faire un état rigoureux des connaissances. Petit à petit, les cabinets vont laisser la place aux jardins botaniques ou aux jardins des plantes, aux muséums d’histoires naturelles ou aux musées que nous connaissons. Toutefois, en France, au XIXe siècle, d’étranges boutiques d’antiquités aux allures de capharnaüm vont voir le jour. Loin des musées ou des collections d’antan, le flâneur et le collectionneur y dénicheront des objets propres à nourrir l’imagination. Honoré de Balzac ou Théophile Gauthier, ne manqueront pas de décrire ces si curieux endroits et d’en faire le lieu fantastique de leur création romanesque.Aujourd’hui, au coeur du Quartier latin, le Cabinet de curiosités est bien vivant. Et n’attend que les curieux !
Pour tout renseignement ou contact : Éric POINDRON
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